Un hôtel à insectes au verger des Coteaux d’Avron

A l’initiative de Lucien Claivaz, notre apprenti en alternance, un hôtel à insectes a été installé au verger du parc des Côteaux d’Avron. C’est un bel objet décoratif, mais pas que…

Il permettra la reproduction de nombreux arthropodes (insectes, arachnides, crustacés).

Un hôtel à insectes … qu’est-ce que c’est ?

Les hôtels à insectes sont des constructions ayant pour but d’être utilisées par diverses espèces d’arthropodes1 comme refuges, sites de reproduction ou encore comme sites de diapause. La diapause est une phase programmée dans le développement d’une espèce qui diminue l’activité de son métabolisme. La diapause chez les arthropodes a principalement  lieu durant la période hivernale.

Les espèces qui occupent l’hôtel varient en fonction du contenu de celui-ci. 

Les hôtels à insectes sont souvent présentés comme une manière de les préserver, mais cette fonction reste à prouver car ils ne sont pas comparables en matière d’efficacité aux multiples refuges qui existent dans les milieux naturels. En revanche, ils sont très intéressants d’un point de vue pédagogique, en permettant d’observer plus facilement certaines espèces ainsi que leurs modes de vie. 

A noter également qu’un grand nombre d’hôtels à insectes placés dans les espaces verts ou vendus dans le commerce ne sont que peu, voire pas du tout attractifs pour les insectes. Voici donc les différents aménagements que vous pourrez réaliser dans un hôtel à insectes et les espèces qui seront attirées par chacun d’eux.

Les bûches de bois percées

Pour cela vous aurez simplement besoin de bûche d’un bois bien sec que vous percerez sur l’une des faces pour réaliser des galeries de diamètre allant de 2 à 14 mm. Ces galeries seront occupées par une grande diversité d’hyménoptères, d’abeilles solitaires (osmies, mégachiles…), de guêpes (odynères, guêpes maçonnes…) et par leurs parasites2 (Cacoxenus indagator, Chrysides). Ces trous peuvent occasionnellement servir de refuges à d’autres espèces telles que des araignées. 

Les tiges creuses

Pour cet aménagement vous aurez simplement besoin de tiges de différentes espèces de plantes d’une longueur allant de 10 à 20 cm et d’un diamètre de 2 à 12 mm. Une des extrémités devra être bouchée (avec de l’argile par exemple). Ces tiges attireront diverses espèces d’Hyménoptères (Osmies, Isodonta mexicana…) et leurs parasites. Pour plus de facilité, les tiges pourront être calées dans des supports tels que des boites de conserves. 

Les tiges à moelle
Tiges à moelle  - Source : https://lesjardinsdelouest.blog4ever.com

Les tiges à moelle sont occupées de manière plus limitée, mais les espèces d’hyménoptères qui les occupent sont dites rubicoles et ne nichent en général qu’exclusivement dans celles-ci (Trypoxylon spp.Crabro spp. …) 

Les pots en terre cuite garnis de paille

Les pots en terre cuite garnis de paille et suspendus à l’envers ont généralement pour objectif de servir d’abri aux perces oreilles. Ils pourront également être occupés par un grand nombre d’autres espèces telles que de petits coléoptères ou encore des araignées.

Planchettes empilées

En empilant des planchettes espacées de 5 mm entre elles, vous créerez un abri permettant à différentes espèces de passer l’hiver. Il sera utilisé par exemple par diverses espèces de coccinelles mais également par d’autres espèces de coléoptères et certains hétéroptères (punaises).

Vieilles bûches non trouées

Des bûches de vieux bois non percées serviront de site de reproduction pour les    abeilles charpentières3 (Xylocopa spp) qui y creuseront elles mêmes leurs galeries. Divers coléoptères à larves xylophages y pondront également leurs œufs. Les galeries laissées par leurs larves pourront ensuite être occupées par certains hyménoptères cités précédemment. 

Nichoir en bois

Enfin des casiers en bois, de formes variées, pourront être réalisés. 

  • Nichoir à bourdons, caisse de 20 cm X20 cm X20 cm, avec une entrée de 8 à 10mm surmontant une petite piste d’envol de 2 à 5 cm de large. Il sera préférable de garnir le nichoir avec un ancien nid d’oiseau ou de rongeur. Ce nichoir attirera différentes espèces de bourdons sociaux (Bombus spp.).
  • Nichoir à guêpes polistes, petit casier de 15 cm X15 cm X15 cm, entrée de 10mm surmontant une petite piste d’envol de 2 à 5 cm de large.
  • Nichoir à papillon, casier de 8 cm de profondeur, 10 cm de longueur et 20 cm de hauteur avec une série d’entrées de 5 cm de haut et 1,5 cm de large. Ce nichoir sera utilisé par plusieurs espèces de papillons (petite tortue, paon du jour…) pour passer l’hiver.

Quelques espèces communes des hôtels à insectes

  • Les osmies (Osmia spp.) font probablement partie des insectes les plus courants dans les hôtels à insectes, pour peu qu’ils contiennent des bûches percées ou des tiges creuses de dimensions adaptées. Elles y aménagent des loges individuelles pour leurs larves. Ces loges contiennent une réserve de pollen et sont séparées par des parois en terre. 
  • Les abeilles cotonnières (Anthidium spp.) comme les anthidies, aménagent des loges individuelles pour leurs larves dans des tiges creusent ou galeries dans le bois. A la différence des osmies, ces cellules ne sont pas séparées par de la terre mais par une sorte de coton constitué de poils de différentes espèces de plantes. 
  • Les forficules (comme Forficula auricularia) occupent la paille dans les hôtels contenant des pots remplis de paille. L’hôtel à insectes leur sert d’abri tout au long de l’année.
  • La coccinelle à sept points (Coccinella septempunctata)occupe les hôtels possédant un espace avec des planchettes empilées. Elles occupent l’espace entre les planchettes qu’elles utilisent comme site de diapause pendant la période hivernale. Elles ont tendance à s’y rassembler en très grand nombre en compagnie d’autres espèces. 
  • Les espèces logeant dans l’hôtel et en particulier les hyménoptères amènent avec eux leur lot de parasites. Un parasite pouvant être très couramment observé est Cacoxenus indagator. Cette petite mouche parasite les nids d’osmie cornue et d’osmie rousse, elle profite de leur absence pour pondre ses œufs dans les loges, les larves mangeront l’œuf de l’osmie et profiteront des réserves accumulées. 

Conseils, Installation et entretien : Idéalement, l’Hôtel à insecte devra être installé pendant l’hiver, entre novembre et février. C’est la période durant laquelle les arthropodes sont le moins actifs et cela vous permettra de le rendre accessible au plus grand nombre d’espèces dés la première année. Malgré-tout, il est totalement possible de l’installer à n’importe quel période, celui-ci accueillera juste moins d’espèces, au cours de sa première année. Pour ce qui est de l’entretien de l’hotel à insectes, il doit être très limité, et il est même préférable de ne pas l’entretenir du tout ! Malgré tout, si un entretien est nécessaire, comme le changement d’une planche pourrissante par exemple, le meilleur moment sera de le faire en septembre. A cette période, la plupart des espèces nicheuses on finit de confectionner leurs nids et les espèces qui ne font qu’y habiter ne seront pas misent en danger si elles en sont délogées. Après chaque entretiens il faudra veiller à tout remettre en place dans la même disposition qu’avant.

Texte de Lucien Claivaz

1Arthropode : animaux possédant  un squelette externe articulé, regroupe de nombreuses classes telles que les insectes, arachnides, crustacés… 

2Bien que la présence de parasites puisse inquiéter, ces parasites sont des régulateurs naturels pour ces espèces et ne sont pas à considérer comme une menace pour leur existence. 

3Les abeilles charpentières peuvent impressionner par leur taille et leur vole bruyant, mais pas d’inquiétudes, ce sont des insectes paisibles, ne piquant que en cas de dernier recours (si vous la serrez dans votre main par exemple), elles n’attaqueront jamais. 

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