Les mares et les bassins, devraient être d’extraordinaires milieux de vie. Souvent, les dysfonctionnements observés proviennent de petites erreurs de gestion.
Les mares naturelles se forment sur un substrat imperméable, une couche d’argile qui conserve l’eau de manière plus ou moins pérenne.
Lorsqu’elles ne sont pas naturelles, le support de la mare (bâche EPDM, béton, ou coque plastique) doit impérativement être recouvert d’une couche d’argile (15-20 cm minimum), dans laquelle les plantes aquatiques filtrantes et oxygénantes peuvent s’enraciner. Avec ces plantes, la pompe n’est pas nécessaire, et le nettoyage de la mare non plus.
Il faut installer des espèces végétales locales (cornifle, joncs, carex, menthe, phragmites, etc), selon les dimensions de la mare. Il faut proscrire absolument les espèces exotiques envahissantes. L’ANCA peut fournir des végétaux, obtenus lors de chantiers de réhabilitation de mares locales.
La vidange, pire la javellisation (!) d’une mare a des conséquences catastrophiques sur la biodiversité.
Tout au fond, cachées dans la vase, des milliers de larves (amphibiens, libellules, autres insectes aquatiques) grandissent à l’abri des regards durant des mois, voire des années. La vase est une matrice, un milieu de vie nécessaire aux cycles alimentaires des habitants de la mare.
La mare sera colonisée rapidement si elle se trouve en réseau avec d’autres mares. Les amphibiens et les libellules viennent d’eux-mêmes. Rappelons que le transport des amphibiens et de leurs larves, espèces protégées, est strictement interdit par la loi.
La présence des poissons dans la mare n’est pas favorable au développement de la biodiversité. Ils mangent les pontes des amphibiens et aussi les plantes, et ils produisent des déchets organiques qui altèrent la qualité de l’eau.
Et les moustiques ? Effectivement, ils viennent pondre dans la mare. Leurs prédateurs (libellules), très efficaces, en régulent le nombre.
L’ANCA peut vous conseiller sur l’entretien de votre mare, ou sur votre projet de création ou de restauration, ou sur les végétaux à mettre en place.
N’hésitez pas à nous solliciter pour un projet de mare dans votre jardin, ou une réhabilitation.
En septembre 2010, nous avions découvert la présence d’une station d’Alytes accoucheurs au centre-ville de Noisy-le-Sec, dans un jardin privé accolé à la friche Carnot. Cette population endémique relictuelle se reproduisait alors dans un petit bassin du jardin qui n’est plus accessible depuis. En juin 2016, seuls trois mâles chanteurs ont été entendus (ANCA Nouvelles n°48). Afin de maintenir la population d’Alytes accoucheurs sur cette friche, il était donc urgent de leur offrir un nouveau point d’eau où ils puissent se reproduire !
Quid de l’Alyte accoucheur ?
La friche Carnot, située à Noisy-le-Sec, accueille une population d’Alytes accoucheurs (Alytes obstetricans). Cette espèce, protégée à l’échelle nationale au titre de l’arrêté du 19 novembre 2007, tient son nom de son comportement reproducteur particulier : les œufs, au lieu d’être directement déposés dans l’eau comme chez la plupart des espèces d’amphibiens, sont portés par le mâle pendant 3 à 8 semaines (cf figure 1), jusqu’au moment de l’éclosion.
Si la fécondation se fait sur la terre ferme, le mâle fait “tremper” les œufs qu’il porte tous les soirs dans un point d’eau, afin d’éviter qu’ils ne se dessèchent. Par ailleurs, juste avant éclosion, il vient les déposer dans l’eau. Le têtard pourra alors naître et se développer.
Le projet de création d’une mare
Pour permettre à la population d’Alytes accoucheurs présente sur la friche Carnot d’effectuer leur cycle de reproduction sur place, nous avions pour projet d’y installer une mare (cf figure 2) avant la période de reproduction de l’espèce, entre avril et mai… Et nous sommes passés à l’action entre le 10 et le 12 février, après avoir obtenu l’accord de 3F, propriétaire de la parcelle.
Première étape : le débroussaillage partiel de la friche
La friche Carnot étant très embroussaillée, un travail de taille et d’arrachage conséquent a été effectué. Nos principales cibles : du lierre rampant, de l’ortie et du bambou, toutes trois espèces envahissantes ou invasives, qui ont pu développer un système racinaire très dense, nous donnant à maintes reprises du fil à retordre (cf figure 3).
Trois espaces ont pu être dégagés à l’issue de ce travail :
Un cheminement entre le lieu d’hibernation des Alytes et l’espace dédié à la mare.
Un espace dédié à l’installation de la mare (cf figure 4).
Une zone de friche située derrière la mare, destinée à accueillir une pelouse et / ou un potager partagé que nous mettrons en place par la suite.
Deuxième étape : l’installation de la mare
Nous avons choisi de mettre en place une mare sur coque nivelée, plus solide et permettant l’entrée progressive des crapauds dans l’eau. Nous avons creusé et déplacé plusieurs centaines de kilos de terre (cf figure 4), ajusté notre trou aux dimensions de la coque afin qu’elle soit légèrement en contrebas par rapport au niveau du sol, facilitant là encore l’utilisation de la mare par les Alytes accoucheurs.
Une fois la mare bien calée dans le trou, celui-ci a été rebouché avec la terre que nous avions extraite du sol. Il restait peu de terre excédentaire, que nous avons finalement mis de côté contre un mur et sur lequel nous avons dressé un hôtel à Crapauds à l’aide de grosses pierres provenant de la friche.
La mare a ensuite été tapissée d’argile, dans laquelle nous avons planté quelques espèces aquatiques (Carex, Prêle des Marais, Renoncule flammette, Menthe aquatique, Cornifle…).
Nous avons directement suivi cette action de la mise en eau de la mare. Elle finira de se remplir grâce à l’eau de pluie, et sera opérationnelle pour la période de reproduction des Alytes accoucheurs en 2017.
Au cas où l’eau de pluie venait à manquer, nous avons également installé un récupérateur d’eau relié à la gouttière d’une résidence voisine.
Et après ?
Nos travaux sur la friche ne sont pas terminés. Il y a des déchets à évacuer. Il faudra surveiller l’état de la mare et son utilisation par la faune locale. Il faudra empêcher une fermeture du milieu, un ombragement trop important de la mare ou un développement des bambous qui pourrait menacer la coque.
Nous travaillerons également à l’aménagement d’une pelouse sur l’espace autour et derrière la mare, que nous avons déjà dégagé et nettoyé des racines d’envahissants.
Au bout de 4 semaines de travail, la création d’un chemin de contournement de la zone humide du Plateau d’Avron touche à sa fin (en ce qui concerne la première section du chemin). Pour rappel, nous avons commencé ce chantier depuis le début du mois de novembre.
La création d’un chemin, en coupant à travers les cornouillers, génère beaucoup de déchets verts. Nous souhaitons donc valoriser au maximum ces déchets en recyclant les branches les plus longues et les plus flexibles pour mettre en place des fascines qui sont consolidées par des gros troncs. Et enfin, nous broyons tout le reste.
Le produit de ce broyage nous fournit des copeaux assez fins de bois de diverses essences (environ 95 % de cornouiller, 4 % d’églantier et 1 % d’aubépine et de pommier).
Ce broyat, qui peut être utilisé de multiples façons dans votre jardin (compost, paillage …), est mis à votre disposition toute la semaine prochaine (du lundi 28 novembre au vendredi 02 décembre) dans notre hangar, à proximité du chantier.
Il vous est donc possible de venir en récupérer autant que vous le souhaitez, à condition de nous prévenir de votre venue et de ramener vos propres sacs de transport.
Pour les éventuel(le)s intéressé(e)s, merci de nous contacter par retour de mail le plus rapidement possible pour réserver votre broyat. Nous comptons ensuite céder ce broyat à la Ferme pédagogique de Rosny-sous-Bois.
La zone humide du Plateau d’Avron est située le long de la rue Jules Guesde à Rosny-sous-Bois. Au printemps dernier, elle a fait l’objet d’une étude pédologique et floristique suivant les critères de l’arrêté du 24 juin 2008, afin que son statut de véritable zone humide soit confirmé.
À l’issue de ce travail (ANCA Nouvelles n°50), des préconisations de gestion de ce milieu ont été proposées. Depuis le mois d’octobre, l’ANCA y mène donc un chantier de profilage de la saulaie et de création d’un chemin de contournement. Nous accueillons actuellement des stagiaires du lycée Fénelon à Vaujours sur ce projet.
La saulaie se trouve au milieu de la zone humide, elle est composée de diverses espèces (saule cendré, saule blanc, saule marsault). Au printemps, elle est inondée et les amphibiens s’y reproduisent. Les saules y sont très développés et participent à la fermeture du milieu. Leurs feuilles qui tombent à l’automne contribuent l’atterrissement (comblement) des mares.
Nous avons donc décidé d’ouvrir la zone en arrachant les saules présents au milieu de la saulaie. Cela nous permet également de creuser légèrement les mares pour favoriser la reproduction des tritons. Les saules en bordure sont préservés afin d’offrir une mosaïque d’habitats propice à la faune et flore locales et de délimiter visuellement la zone pour le public.
Cette zone humide est très étroite. L’unique chemin la traversant est sur-piétiné. Au printemps ce même chemin, souvent en eau, est utilisé par les crapauds communs comme lieu de reproduction. C’est ainsi que nous avons pu observer des milliers de crapelets sortir des flaques d’eau au mois de juin dernier ! Les entrées Sud et Nord de la zone humide seront bloquées en réalisant des fascines avec les saules arrachés. Ces fascines permettent également une valorisation des déchets verts du chantier.
La prochaine étape est donc de créer un chemin de contournement de la zone humide. Rendez-vous dans quelques semaines pour le prochain épisode!
Depuis deux ans, l’ANCA intervient contre l’envahissement des pelouses du Sempin par le sainfoin d’Espagne. Ce mois de mars, nous avons remporté la première manche, mais la bataille n’est pas terminée. Lutte contre le sainfoin d’Espagne continue…
La flore du site des anciennes carrières de Montfermeil a été conservée depuis plus de 20 ans grâce à une mesure compensatoire. La gestion du Sempin a été confiée à l’ANCA qui assure la fauche annuelle de la parcelle.
Malheureusement, parmi les espèces présentes sur le site figure le sainfoin d’Espagne (Galega officinalis). Cette plante à la belle floraison est une espèce invasive qui colonise les friches comme les prairies. Elle est toxique pour les animaux en période de floraison et de fructification : 100 g suffisent pour tuer un mouton, voire 40 g si la plante est séchée. C’est un vrai problème pour l’ANCA dont les moutons d’Ouessant auront vocation à séjourner au Sempin à certaines périodes de l’année. Les peuplements denses de sainfoin d’Espagne ont été repérés depuis plusieurs années, mais c’est à partir de 2014 que les zones les plus envahies n’ont plus été fauchées, pour être traitées manuellement, à l’aide de fourches-bêches, pour arracher les racines de la plante. C’est un combat à armes inégales, mais l’ANCA compense sa faiblesse numéraire par une astuce : arracher la plante en hiver quand le sol est imbibé d’eau.
Si au printemps 2015 la lutte semblait désespérée, au printemps 2016 l’espoir est de retour. Bien qu’il reste encore des centaines de plantes bien enracinées, leur densité a diminué.
Dès l’arrivée des beaux jours, des milliers de graines germeront et il nous faudra être présents pour en retirer le plus possible. Nous savons que la faculté germinative des semences du sainfoin d’Espagne est limitée à 7-8 ans et dès cet été, nous couperons systématiquement les fleurs, même si elles sont belles et très visitées par les insectes pollinisateurs. L’élimination progressive du sainfoin d’Espagne nous permettra de retrouver une plus grande richesse et diversité de végétaux sur le site.