Plaine inondable de Neuilly-sur-Marne

La plaine inondable de Neuilly-sur-Marne fait partie de la ZNIEFF dite de “la Haute-Ile”. Au Nord du Canal : Plaine inondable de Neuilly-sur-Marne Au Sud du Canal : le Parc de la Haute-Ile.

La plaine inondable
La plaine inondable de Nuilly-sur-Marne
Remarquez la grande verdure réelle du site là ou les cartes n’indiquent qu’une zone blanche.
Remarquez la grande verdure réelle du site là ou les cartes n’indiquent qu’une zone blanche.

Cette zone naturelle est elle aussi redevenue sauvage durant vingt ans. Actuellement, cette steppe herbacée entrecoupée de haies sert d’abri et/ou de zone de reproduction aux mêmes oiseaux patrimoniaux que le Parc de la Haute-Ile (Busard par exemple) et aux nombreux amphibiens.
Il y subsiste le dernier tronçon de ruisseau du Lac de Ville-Evrard. La plupart des ruisseaux de l’Est Parisien ont été canalisés comme la Bièvre. Ces derniers tronçons relictuels de ruisseaux font partie de notre patrimoine.

Le ruisseau bien caché sous les arbres
Le ruisseau bien caché sous les arbres

Le Parc de l’Hôpital de Ville-Evrard contient des bâtiments classés ainsi qu’une futaie de chêne très ancienne et un lac ancien. Ce parc abrite une faune sylvestre (pics, écureuils, coléoptères, etc…) et des restants de végétation naturelle (pelouses silicoles à serpolet et muscaris).

Le Lac ancien de Ville-Evrard
Le Lac ancien de Ville-Evrard

Les espèces remarquables de la plaine inondable de Neuily-sur-Marne

  • Pour ne citer que quelques grandes espèces spectaculaires :
  • Le Busard St-Martin (Circus cyaneus), en hiver.
  • Le Grand cormoran (Phalacrocorax carbo).
  • Le Héron cendré (Ardea cinerea), certainement reproducteur.
  • La “Grande Tortue” (Nymphalis polychloros), un papillon protégé en IDF, fréquente les milieux forestier et ressemble en plus grand à la “Petite Tortue” (Aglais urticae), mais sans taches bleues ou au “Gamma / Robert le diable” mais avec les ailes non découpées.
La "Grande Tortue" (Nymphalis polychloros)
La “Grande Tortue” (Nymphalis polychloros)

Les menaces

Delimitation aproximative de la côte 39.6 pour l’est de Neuilly/Marne
Delimitation aproximative de la côte 39.6 pour l’est de Neuilly-sur-Marne

L’inondation de 1910 fut la plus importante de notre siècle pour la région parisienne. Comme toutes les grandes inondations, elle est due à l’addition de plusieurs crues qui se sont produites en même temps. D’importantes pluies qui avaient eu lieu du 28 novembre au 9 décembre et du 15 au 31 décembre 1909 ont occasionné des crues. Une nouvelle période de pluie et de neige commença le 9 janvier et les torrents d’eau qui tombèrent du 18 au 21 provoquèrent une crue de l’Yonne, du Loing et du Grand Morin. Le tout arriva en même temps à Paris et détermina une crue extraordinaire de la haute Seine et de la Marne qui, ne pouvant s’écouler, envahit Paris et sa banlieue. Le niveau d’eau monta à son maximum le 28 janvier. La hauteur fut de 8.62 mètres à Paris et 39.62 mètres à Gournay sur Marne.

Allées de la "Plaine inondable" déjà envahies par les eaux en 2000
Allées de la “Plaine inondable” déjà envahies par les eaux en 2000

L’inondabilité devrait empêcher tout projet d’urbanisme dans ce secteur et devrait donc être réellement proscrit tout projet d’urbanisme (contrôle de légalité). Ces constructions pouvant en plus aggraver la crue sur les autres communes en empêchant le bon écoulement des eaux. Malgré cela, de nouveaux projets d’urbanisation ressortent régulièrement.

Le Parc de la Haute-Ile

Historiquement, l’ANCA est à l’origine de la ZNIEFF dont fait toujours partie (entre autres) ce site. Quelques mentions de la Haute-Ile et ses environs dans des anciens “ANCA Nouvelles” ANCA NOUVELLES N°8 Avril 1995 ANCA NOUVELLES Avril 2000 ANCA NOUVELLES Juin-Juillet 2001 ANCA-Nouvelles N°28.

Station de la Grande Cuscute, vue depuis l’autre rive.
Station de la Grande Cuscute, vue depuis l’autre rive.

Par la suite l’ANCA a également découvert deux plantes protégées sur la Haute-Ile : la cuscute et la cardamine impatience et Michel Jacquin avait aussi trouvé un jeune Alisier de Fontainebleau. L’ANCA attire l’attention des personnes concernées par la Haute-Ile par la valeur patrimoniale de sa Flore notamment de sa berge vers la Marne. Autant l’ornithologie a été étudiée sur ce site, autant la botanique a été laissée pour compte. Bien souvent nous avons eu droits à des jugements gratuits et superficiels (notamment du Conseil Général) faisant état d’une flore banale ne comportant que quelques espèces peu communes (Senecio erucifolius, Verbascum nigrum, Verbascum blattaria, Erysimum cheiranthoides). Curieusement pas d’allusion aux espèces fluviales.

La flore remarquable (cités du nord au sud) :

  • Parc de Ville Evrard: Chênaie centenaire et prairie sèche rase sablo-argileuses avec le Serpolet (Thymus serpyllum), la Rubéole des champs (Sherardia arvensis), le muscari à grappe (Muscari neglectum) et la Laîche distique (Carex disticha).
  • Lac de Ville-Evrard: Flore riveraine à tendance froide avec l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa), la Laîche des rives (Carex riparia), le Pigamon jaune (Thalicgrum flavum), la Prêle (des bois ?), etc.
  • Ancienne prairie et bocage au Nord du Canal: Flore prairiale de sols neutres comme le Jonc à fleurs obtuses (Juncus subnodulosus), la Laîche glauque (Carex flacca),  la Laîche hérisson (Carex echinata), la Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria), et l’Oseille des prés (Rumex acetosa).
  • Bord du ruisseau déversoir du Lac : Flore sylvatique sur talus avec l’if (Taxus baccata), l’Helléborine à feuilles larges (Epipactis helleborine), etc…
  • Berges du Canal: Flore humifère avec la Petasite officinale (Petasites hybridus), les laîches (grandes espèces palustres).
  • Une avancée sèche héliophile sur la Haute Ile parmi la friche: Friche sèche sur limon argilo-calcaire dont l’Ophrys abeille (Ophrys apifera) avec plusieurs centaines, station très dense, l’orobanche, et l’Iris fétide (Iris foetidissima). Dans cette végétation de friche arbustive, juste au Nord de la peupleraie vers 2000 existait un jeune Alisier de Fontainebleau (Sorbus latifolia, arbre protégé en IDF) parmi des clairières plus sèches à carlines et herbes à mouche (Inula conyza). Il aurait disparu avec les premiers défrichements…
  • Rive de la Marne au sens large: elle comprend les berges, les broussailles anciennes, les bois anciens et l’avancée récente détrempée du bois. On y trouve 5 types de milieux floristiques:
    • Talus ensoleillé, sec en surplomb: les berges hautes dégagées ensoleillées constituées de limons sablo-argileux drainants tassés et secs. On y trouve l’Aristoloche clématite (Aristolochia clematitis), des ails, le Passerage à feuilles larges (Lepidium latifolium) et la Roquette bâtarde (Hirschfeldia incana).
    • Bois haut et sec (frênaie): sur les berges hautes, il y existe de vieux arbres dont un frêne (Fraxinus excelsior) de 3m60 de circonférence et une lisière ancienne de prunelliers (Prunus spinosa). Il s’agit d’une formation ancienne qui existait déjà avant l’abandon des cultures de type lisière et frênaie sèche. Parmi les plantes présentes il y a l’Iris fétide, l’Ornithogale en ombelle (Ornithogalum umbellatum), l’Arum tacheté (Arum maculatum), etc…
    • Bois bas et humides (peupleraie): A partir des boisements à sols humides (berges basses), c’est un groupement qui se propage aussi dans la friche avec de jeunes peupliers, saules, prêles, cardamine des près (Cardamine pratensis), etc… La flore présente préfère plus l’humidité et est sylvicole comme l’Angélique des bois (Angelica sylvestris), l’Epiaire des marais (Stachys palustris), la Cucubale à baies (Cucubalus baccifer), le Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica), etc… C’est dans ce secteur, en 2004, que la Cardamine impatiente (Cardamine impatiens, plante protégée en IDF) a été découverte à la Haute-Ile et en face à Noisy-le-Grand. Elle affectionne les talus terreux ainsi que les  cheminements humides ombragés et assez frais.
    • Rivage sableux à saules des vanniers: A l’avant de la peupleraie existe un banc de sable humide (donc inondable) recouvert de végétation, d’arbres morts et avec quelques saules des vanniers (Salix viminalis). C’est sur cette parcelle que la Grande cuscute (Cuscuta europaea, plante protégée au niveau régional) a été trouvée à deux endroits (sur les saules et sur les orties). La flore comporte des espèces plus héliophiles de sols meubles telles que la Stellaire aquatique (Myosoton aquaticum), la moutarde, etc…
    • Banquette basse inondable (alluvions humides): ce sont les banquettes de vase humide et tassée qui apparaissent en période de basses eaux (elles ne sont donc explorables qu’en Août et Septembre). La flore est composée de plantes palustres essentiellement comme la Rorripe des bois (Rorippa sylvestris), la Scrofulaire aquatique (Scrophularia auriculata), le Bident trifolié (Bidens tripartita), Renouée persicaire (Persicaria maculosa) et de plantes aquatique tel que le Nénuphar jaune (Nuphar lutea).
Aménagement de la Marne. Contrairement à ce que prévoyait le SDRIF l’autre berge de la Marne a été elle complétement aménagée et est donc devenu biologiquement vide (gazon et sol enroché) = disparition totale de la biodiversité !
Aménagement de la Marne. Contrairement à ce que prévoyait le SDRIF l’autre berge de la Marne a été elle complétement aménagée et est donc devenu biologiquement vide (gazon et sol enroché) = disparition totale de la biodiversité !

La Grande Cuscute  ou Cuscute d’Europe (Cuscuta europaea) est donc la première plante protégée du site (protection régionale Ile-de-France). Seulement 11 communes abritent cette espèce en Ile-de-France (sur 1281 communes) et voici donc la première station en Seine-Saint-Denis.

Grande Cuscute (Cuscuta europaea), accrochée à une feuille d’ortie.
Grande Cuscute (Cuscuta europaea), accrochée à une feuille d’ortie.

Les cuscutes sont des plantes grimpantes parasites à tige fine comparables au liseron mais sans feuilles avec des suçoirs pour parasiter le serpolet, les ajoncs, l’ortie, le houblon, l’armoise, etc… Les fleurs roses forment des petites boules un peu comme sur une guirlande. La Grande Cuscute affectionne les berges de rivières (Marne et Seine). Elle y est rare : chaque station pouvant être éloignée de nombreux kilomètres malgré des biotopes à priori favorables le long de la Marne. Il semble donc qu’elle n’y apparaît que rarement et doit donc avoir d’autres exigences qui nous échappent (sols, microclimats, etc…).

Ce qui reste sûr c’est qu’étant une plante grimpante et parasite la grande cuscute ne peut exister que sur des berges en friches à ortie ou armoise et non pas sur des berges aménagées, tondues ou bétonnées.

L’iris fétide (Iris foetidissima). C’est un iris sauvage des lisières et haies thermophiles. Plante spectaculaire mais fleurissant rarement, elle est très menacée par les défrichements actuels.
L’iris fétide (Iris foetidissima). C’est un iris sauvage des lisières et haies thermophiles. Plante spectaculaire mais fleurissant rarement, elle est très menacée par les défrichements actuels.

On notera aussi que certaines des espèces telles que la Cucubale et la Passerage à feuilles large (Lepidium latifolium), sont considérées rare dans le livre de M. Bournérias des “Groupements végétaux de la région Parisienne” (LA référence pour la région). Ces berges offrent également une potentialité importante pour deux arbres des forêts alluviales rares en IDF : l’Orme lisse (Ulmus laevis) et le Frêne à feuilles étroites (Fraxinus angustifolia). Ces espèces sont donc à rechercher au printemps (Le Frêne à feuilles étroites existe vers Lagny-sur-Marne).

Frêne à feuille étroite (Fraxinus angustifolia).
Frêne à feuille étroite (Fraxinus angustifolia).

Bords de Marne

La Marne possède encore quelques îles sauvages et quelques tronçons de berges naturelles, certaines sont mêmes protégées.

Flore et Faune

Parmi les animaux les plus remarquables :

  • le Héron cendré (Ardea cinerea)
  • le Martin-pêcheur (Alcedo atthis)
  • la sterne
  • le Foulque macroule (Fulica atra)
  • la Poule d’eau (Gallinula chloropus)
  • la Mouette rieuse (Larus ridibundus)
  • le Cygne tuberculé (Cygnus olor)
  • le Canard colvert (Anas platyrhynchos)
  • le Grand cormoran (Phalacrocorax carbo)
  •  le Ragondin (Myocastor coypus)

La flore varie beaucoup d’une commune à l’autre selon l’aménagement (=le bétonnage) des rives et non pas selon leur distance à Paris. En effet tout biotope favorable, même en ville, peut toujours recevoir des graines de plantes aquatiques amenées de l’amont par le courant.

Parmi les milieux les plus pauvres :

  • Les quais en pales-planches métalliques.
  • Les quais entièrement en béton.
  • Les pentes normalisées de plots en béton recouverts de gazons.
  • Les gazons refaits sur de la terre végétale ramenée.
  • Les replantations d’arbustes ornementaux (façon square).

Parmi les milieux les plus riches :

  • Les îles.
  • Les grèves sableuses ou caillouteuses desséchées en basses eaux.
  •  Les bras morts vaseux et herbeux.
  • Les rives avec des rejets d’arbustes.
  • Les rives d’aulnes et saules blancs dont les racines forment des banquettes herbues.
  • Les hauts talus (de calcaires, de terre sableuse sèche) ensoleillés.
  • Les hauts-fonds (banc de sable submergé).
  • Les embouchures des ruisseaux.
  • Les enrochements de grosses pierres disjointes.
  • Les vieux quais en meulières.
  • Les vieux quais pavés en grés.

Les plantes les plus communes sont: le chanvre d’eau (Bidens tripartita), l’iris d’eau (Iris pseudacorus), le nénuphar jaune, la salicaire (Lythrum salicaria), la lysimaque (Lysimachia vulgaris), les roseaux, les joncs, les rorippes divers etc…

Parmi les plantes les plus remarquables on peut citer : le Pigamon jaune (Thalictrum flavum), Pigamon sp.(Boucle de St Maur), la Menthe à feuilles rondes (Mentha suaveolens), la Laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus), le Vélar fausse giroflée (Erysimum cheirantoides), la Passerage à feuilles larges (Lepidium latifolium), la Potentille dressée (Potentilla recta), la Valériane officinale (Valeriana officinalis), le Souchet brun (Cyperus fuscus), la Stellaire aquatique (Myosoton aquaticum), le panicaut, la Moutarde noire (Brassica nigra), Moutarde blanche (Sinapis alba), la Centranthe rouge (Centranthus ruber), l’Ache faux-cresson (Helosciadium nodiflorum), etc…

La Marne a des rivages constitués d’alluvions plus mous (dits “marneux”) et quelques plantes de sols plus azotés en profitent comme la Moutarde noire et des chénopodes. Le pigamon jaune y recherche des ambiances plus fraiches (continentales) souvent à l’ombre des aulnes. Quelques plantes se trouvent un peu plus fréquemment en bord de Marne : la Menthe à feuilles rondes, la Laîche faux-souchet, la Vélar fausse giroflée.


Télécharger l’étude du patrimoine naturel de Neuilly-sur-Marne (PDF – 3.1 Mo)